Chapitre 1- L’aura de Tuby
A sa mort, le 31 décembre 1945, Victor Tuby est considéré comme le chantre de la Provence. En quelques vingt-cinq ans, il a produit une œuvre matérielle et immatérielle inscrite dans le mouvement de la Renaissance de la culture provençale. Il se veut disciple de Frédéric Mistral, fonde l’Académie Provençale en 1919 puis fixe et codifie le folklore provençal tel que nous le connaissons.
Il est aussi un des organisateurs de la vie festive et mondaine de Cannes, quand la ville est renommée pour son élégance et la qualité de ses manifestations. Cannes, la Ville des Fleurs et des Sports Élégants.
Le rayonnement de Victor Tuby, même s’il s’ancre dans le territoire défini de Cannes et du régionalisme, en dépasse le cadre étroit et influence notablement les représentations archétypales de la Provence. Il rayonne à Paris, à Londres et en Europe (Monaco, Lausanne…)
Le Moulin Forville
Cet ancien moulin à huile, propriété de Victor Tuby, devient dès les années 1920 un centre culturel provençal.
Dans cet ensemble de bâtiments insolite et de caractère, Tuby constitue un véritable musée privé dans lequel il expose les collections ethnographiques qu’il acquiert.
Tuby imagine et restructure le lieu et fait de chaque pièce un décor où il va donner vie à sa vision de régionaliste.
Coiffes, costumes, outils agricoles, instruments de musique, mobilier etc : tout un patrimoine est sauvegardé et mis en scène.
Le Moulin Forville qui est en tant que tel une création de Victor Tuby au service de la Provence, devient son lieu de création privilégié, il y installe son atelier de statuaire et y expose ses œuvres.
En plus d’être le siège social de l’Académie Provençale et le lieu de ses répétions hebdomadaires, Tuby créé au Moulin une école de tambourinaires, y accueille l’Estello de Lérin dès sa fondation en 1930 (il en est le directeur artistique).
Avec le concours de l’Académie Provençale et de son épouse, il y réalise des scénettes de vie quotidienne en costumes traditionnels. Ces scénettes sont photographiées, reproduites en cartes postales et servent d’illustrations de la Provence traditionnelle dans la presse de l’époque.
Chapitre 2 – Tuby militaire
Victor Tuby est incorporé, à partir du 8 octobre 1909, en tant que soldat de 2ème classe, à Aix en Provence.
Il obtient le Brevet spécial d’aptitude militaire le 19 octobre 1909 et est nommé caporal le 19 février 1910.
Le 1er octobre 1910, il est élève officier de réserve.
Le 25 mars 1911, il est promu sous-lieutenant de réserve, par décret présidentiel et décision ministérielle, et est affecté au 111ème Régiment d’Infanterie.
Il est envoyé dans la disponibilité le 23 septembre 1911, avec comme commentaire sur sa fiche d’affectation : « Bon service armé ».
PREMIERE GUERRE MONDIALE
La mobilisation générale est ordonnée le 2 août 1914, Tuby arrive au corps du 112ème Régiment d’Infanterie (casernement Toulon et Hyères) où il est affecté le 3 août 1914.
Par décret du 31 mars 1915, il est nommé lieutenant de réserve, puis capitaine de réserve à titre temporaire le 17 juillet 1915.
Cette nomination est rendu définitive en juillet 1917.
Il est libéré en mars 1918 et se retire à Cannes.
Si le détail de ses blessures n’est pas connu, on peut lire sur sa fiche d’affectation ( qui présente les comptes rendus de ses visites médicales) qu’il souffre d’une sclérose pleuro – pulmonaire des sommets.
Il est définitivement réformé et rayé des cadres le 17 mai 1923.
Citations et Décorations
Sa fiche d’affectation le décrit comme montrant « toujours le même entrain et beaucoup de dévouement comme chef de section, puis comme commandant de compagnie ».
Il est cité à l’ordre du régiment n°101 du 25 mai 1915.
Il reçoit la Croix de Guerre. Etoile bronze.
Ses décorations :
-Légion d’Honneur (à titre civil) en 1934
-Croix de guerre 14-18
-Médaille de Verdun
-Médaille Commémorative de la guerre 14-18
-Insigne des Blessés
-Honneur du Service de Santé (Présumé)
-Honneur et épidémies dans l’Armée
-Nicham Iftikar, Tunisie (officier)
-Croix du combattant
Chapitre 3 – L’Académie Provençale
L’Académie Provençale de Cannes est créée par Victor Tuby en 1919.
Elle va ensuite s’étendre à plusieurs villes, par exemple la section d’Avignon dirigée par le tambourinaire et musicologue Jean-Noël Clamon cousin de Frédéric Mistral.
Au fil des ans, le groupe s’enorgueillit de 3 000 membres.
Son enseignement se porte sur les danses, la musique, le chant, le costume, la langue et les traditions de la Provence. Il témoigne de la volonté d’un travail de mémoire et de garder vivant l’esprit d’une nation provençale.
Camille Flammarion en est le président d’honneur
L’Académie Provençale devient vite incontournable dans les fêtes et célébrations provençales qui font flores sur trois décennies.
Chapitre 4 – Tuby artiste
Victor Tuby étudie à Paris aux Beaux-Arts où il est l’élève d’Antonin Injalbert.
Il réalise plusieurs monuments aux morts après la première guerre mondiale pour six villes de la
région : Cannes La Bocca, Saint Raphael, Allos, Le Cannet, Sainte Maxime et le monument du Souvenir Français au cimetière du Grand Jas à Cannes (Carré de la Marne).
Il réalise aussi le monument du Général Allard à Saint Tropez, un médaillon de Mistral aux Baux de Provence, Avignon, au Cannet et bien sûr le monument à la gloire de Mistral inauguré lors des Fêtes Latines d’avril 1930.
Qu’elles soient civiles ou mémorielles, il apparaît que Tuby ait fait don de ses œuvres, ne leur faisant payer que le coût matériel de leur réalisation.
Il peint aussi énormément de tableaux.
De plus, Tuby écrit une pastorale en cinq actes en provençal et en français. Patronnée par Mgr Guilibert évêque de Fréjus-Toulon, MM Messager, Reynaldo Hahn, Antonin Injalbert et Camille Flammarion, la pastorale est jouée à Cannes et Antibes en 1922 avec un grand succès. Elle est reprise en 1935 au Casino Municipal.
Chapitre 5 -Tuby biologiste
En 1924 Tuby reprend des études de biologie à la faculté de Marseille.
Il se passionne pour la chimie galénique, et fonde avec le docteur Pierre Lachaise le « Laboratoire d’Etudes Biologiques et Physiologiques » au Moulin Forville.
Tuby met au point des médicaments comme « l’Agazol » qui neutralise les Gaz de guerre,
« le Gaziplasme », « le Spécific Aphtal », Le Tubyrhinol etc…
Il met son savoir à la disposition de la population Cannoise et reçoit une multitude de lettres de remerciements pour ses bons soins.
